Une prise en compte progressive de l'eau dans les projets d'aménagements

Opération d'aménagement pluvial - ZAC des 3 rivieres à stains © SAGE CEVM

DES ACTIONS MENÉES EN FONCTION DES OPPORTUNITÉS LOCALES

Sur le territoire Croult Enghien Vieille Mer, plusieurs acteurs ont engagé de nombreuses actions pour réconcilier les fonctions hydrauliques, écologiques et paysagères. L’examen des projets connus montre un certain regain d’intérêt pour les cours d’eau et les canaux, principalement dans leur vocation de promenades et de loisirs. En outre, de manière générale, dans le cadre des projets de ZAC, les principes de gestion des eaux pluviales sont de plus en plus à ciel ouvert, via des espaces non imperméabilisés – souvent végétalisés, et paysagers. Cela reste plus rare lors des opérations d’aménagement plus diffuses, hors procédures de ZAC.

Les trois quarts du périmètre du SAGE est couvert par des territoires d’intérêt métropolitain (TIM), c’est à dire des pôles de développement stratégiques d’envergure nationale et régionale (les aéroports de Roissy et du Bourget, le stade de France, les parcs des expositions Paris Nord et de Villepinte, les universités…) ayant des objectifs très ambitieux de constructions de logements, de création d’activités et d’emplois. Les perspectives de développement cumulées aboutissent à plus de 11 000 constructions de logements par an, soit près de 165 000 nouveaux logements à l’horizon 2030, et plus de 170 000 emplois créés.

Cette dynamique métropolitaine peut faire craindre une forte tension avec les préoccupations et exigences de gestion et de protection des eaux sur le territoire concerné mais offre des opportunités inédites pour réconcilier les ambitions territoriales avec les fonctionnalités des cours d’eau et des milieux naturels humides et permettre ainsi de :

  • continuer à protéger le territoire face aux inondations et aux ruissellements, sans accroître sa vulnérabilité et en concevant des ouvrages de gestion des eaux, qui peuvent pour certains d’entre eux être moins couteux, moins consommateurs d’espace et valorisables pour d’autres fonctionnalités urbaines, dans un contexte de crise économique et de forte pression foncière,
  • stopper la dégradation de la qualité des eaux liée au ruissellement, et en améliorant les paramètres écologiques pour atteindre les objectifs DCE,
  • répondre à la demande sociale pour un meilleur cadre de vie, avec des paysages mis en valeur et attractifs, et des espaces de nature, supports de promenades et de loisirs, favorisant le ressourcement.

Les secteurs situés en dehors de cette dynamique métropolitaine, connaissent un développement plus diffus et globalement non planifié à l’échelle intercommunale, donc plus difficilement appréhendable mais qui reste cependant très important.

DES DIFFICULTÉS A SURMONTER

En raison des contraintes très fortes liées à l’urbanisation du territoire, ces projets restent aujourd’hui ponctuels. Ils sont davantage menés au cas par cas / tronçon par tronçon en fonction des opportunités foncières, financières et de la mobilisation locale, plutôt que des « besoins » (hydrauliques, écologiques, paysagers) du territoire.

Certains ouvrages sont encore construits sans prendre en compte les aspects patrimoniaux, écologiques et paysagers. Cela ne relève pas forcément d’un manque de volonté, mais parfois de nombreuses difficultés techniques (prise en compte trop tardive de ces paramètres, densité urbaine trop élevée, manque de foncier/espace disponible, capacité des ouvrages…)

Par ailleurs, d’autres difficultés relèvent de questions financières (qui finance les dimensions écologiques et paysagères d’un ouvrage hydraulique ?), ainsi que de positionnement et d’arbitrage politique (ambitions différentes, voire antagonistes). Ces actions associent en effet des acteurs de l’eau, de l’aménagement du territoire (aménageurs, collectivités, Grand Paris Aménagement, Aéroport de Paris…), du paysage, du tourisme et des loisirs… qui n’ont ni des habitudes de travail en commun, ni les mêmes ambitions ; des ambitions qu’il faut pourtant ici nécessairement concilier.

De plus, dans les secteurs ruraux et agricoles, la réconciliation des fonctions hydraulique, écologique et paysagère se heurte à l’absence de dialogue avec les représentants de la profession agricole, dont la mobilisation constitue un enjeu pour le SAGE.