Des cours d'eau fortement dégradés

La Morée au Blanc Mésnil © SAGE CEVM

UN RÉSEAU HYDROGRAPHIQUE DENSE DONT ON PERÇOIT MAL L’AMPLEUR

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Le ru la Michelette à Vémars © SAGE CEVM
Le ru la Michelette à Vémars © SAGE CEVM
Le territoire du SAGE est parcouru par un réseau hydrographique historique de près de 150 kms de long qui entaille plus ou moins profondément les calcaires de Saint-Ouen et les sables de Beauchamp. Ce réseau a pour exutoire la Seine au niveau des communes de Saint-Denis et d’Epinay-sur-Seine.

On perçoit mal l’ampleur de ce réseau complexe en raison de son importante artificialisation. Plus de 40% du linéaire ont été enterrés au cours du XXème siècle. Le ru d’Arra, la Morée et la Vieille Mer sont aujourd’hui totalement artificialisés et enterrés sur plus des trois quarts de leur linéaire Au cours de l’histoire, certains rus ont quasiment disparu et/ou ont été intégrés au réseau d’assainissement, tels les rus de Montfort, du Rouillon et de la Molette, dont les noms ne subsistent plus que dans la toponymie locale.

Les cours d’eau encore à ciel ouvert ont largement été artificialisés, en particulier à la traversée des villes où ils ont été bétonnés, pour réduire leur emprise, favoriser l’écoulement vers l’aval et/ou cacher les nuisances liées à leur dégradation, voire les trois à la fois. Toutefois, malgré l’importance de cette artificialisation, il reste des tronçons dont le caractère "naturel" a été préservé ou restauré, à l’image du Sausset à Villepinte, du Petit Rosne à l’amont de Sarcelles ou du ru de Corbon dans la forêt de Montmorency.

Une dynamique de restauration hydromorphologique des cours d’eau est en marche depuis quelques années, avec l’émergence de projets de découverture (Petit Rosne, Vieille Mer), renaturation des berges et reméandrage (Croult), qui laissent espérer une amélioration des fonctionnalités écologiques et une diversification des espèces inféodées à ces milieux.

Le territoire du SAGE est également parcouru par le canal Saint-Denis et par une partie du canal de l’Ourcq, qui appartiennent tous deux à la ville de Paris.

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Carte du chevelu hydrographique du SAGE CEVM
Carte du chevelu hydrographique du SAGE CEVM

UN RÉGIME HYDRAULIQUE TRÈS CONTRASTE

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Le Petit Rosne à Ecouen © SAGE CEVM
Le Petit Rosne à Ecouen © SAGE CEVM
Le régime hydraulique des cours d’eau du territoire du SAGE présente un caractère très artificiel, comparable, pour certains tronçons, au fonctionnement d’un collecteur d’eaux pluviales.

Le débit d’étiage des cours d’eau est globalement faible à très faible, allant de quelques litres par seconde pour le ru de Montlignon, le ru d’Arra et le Sausset, à quelques dizaine de litres par seconde pour le Croult et le Petit Rosne.

Par temps de pluie, la variation du débit des cours d’eau peut être très importante et générer une augmentation brutale de leur niveau, à l’origine parfois de débordements et de phénomènes locaux d’érosion des berges.

L’ASSAINISSEMENT, PRINCIPALE CAUSE DE DÉGRADATION DE LA QUALITÉ DES COURS D’EAU

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Carte de synthèse de la qualité des eaux superficielles
Carte de synthèse de la qualité des eaux superficielles

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Les eaux du Croult chargées en matière en suspension se déversant dans la Morée © SAGE CEVM
Les eaux du Croult chargées en matière en suspension se déversant dans la Morée © SAGE CEVM
La qualité des cours d’eau est, d’une manière générale, peu satisfaisante par temps sec et se dégrade très fortement par temps de pluie. Globalement, la qualité des cours d’eau du territoire ne respecte pas les seuils imposés par la Directive Cadre sur l’Eau.

Vis-à-vis de la qualité physico-chimique des eaux superficielles, les rejets des systèmes d’assainissement (eaux usées et eaux pluviales) constituent, partout sur le territoire, la principale pression, toutefois avec des intensités variables selon les secteurs et les tronçons de cours d’eau.

Si l’assainissement apparaît comme la cause principale de dégradation de la qualité des cours d’eau, d’autres facteurs ne sont pas à exclure. En effet, le territoire du SAGE est très concerné par la pollution diffuse liée à l’utilisation de phytosanitaires / pesticides, qu’il s’agisse des eaux superficielles ou souterraines. La plupart des molécules observées correspond à des usages agricoles et non agricoles.

Le ruissellement est une source majeure de pollution des eaux superficielles. En milieu rural comme en milieu urbain, les eaux de pluie lessivent les sols entrainant ainsi les matières en suspension et éléments polluants présents à leur surface. Ceux-ci sont dirigés de façon souvent brutale vers les eaux superficielles, entrainant une pollution spécifique des cours d’eau.

Ainsi on peut noter les tendances suivantes :

  • La qualité du Petit Rosne est très dégradée, notamment au regard des pollutions domestiques (dysfonctionnements des réseaux d’assainissement), et dans une moindre mesure pour les pesticides et les nitrates issus des pratiques agricoles. Au vue des rejets directs trop importants et de son faible débit, le Petit Rosne est une rivière sensible aux pollutions.
  • Le Croult amont en raison de son urbanisation moins dense et à son débit plus important semble présenter une qualité globale assez satisfaisante. À l’amont du Croult, le ru de la Vallée est fortement impacté par les dysfonctionnements sur les réseaux d’assainissement. Toutefois la qualité du Petit Rosne influe défavorablement sur la qualité du Croult aval.
  • La Morée est globalement de mauvaise qualité, et se dégrade de l’amont vers l’aval par temps sec. Les rejets d’eaux pluviales de la plateforme aéroportuaire de Roissy n’impactent pas la qualité du milieu compte tenu des traitements qui sont effectués (lagunage, charbon actif et ozonation), sauf en périodes de gel pendant lesquelles sont mesurés d’importants rejets de glycol. La qualité de l’eau se dégrade lors de son passage par la commune d’Aulnay-sous-Bois, dont l’assainissement est de type séparatif avec de nombreux branchements non réglementaires. À l’aval, le rejet de la station d’épuration de Bonneuil-en-France dans la Morée permet, par le débit important (entre 40 et 50 000 m3/jour) de réoxygéner le milieu et de diluer la pollution transitée.
  • La qualité physico-chimique du ru de Montlignon est assez bonne à l’amont, en revanche elle est fortement dégradée dans son tracé en souterrain.
  • La qualité des eaux du ru d’Arra est fortement dégradée. On observe de fortes teneurs en matières azotées et en hydrocarbures en raison de mauvais branchements par temps sec et du lessivage des sols urbains et des réseaux par temps de pluie.
  • La Vieille Mer présente une qualité d’eau médiocre. La pollution véhiculée, essentiellement sous forme particulaire, provient des eaux de ruissellement générées par les précipitations, et de très faibles rejets d’eaux usées dus à des inversions de branchement des réseaux d’eaux pluviales et d’eaux usées.
  • La qualité des canaux est globalement satisfaisante, et est peu (voire pas impactée) par des rejets directs.
  • Si la qualité bactériologique du lac d’Enghien est très satisfaisante, il souffre des apports directs des rus de Montlignon et d’Andilly dont la qualité est détériorée par des teneurs importantes en phosphore vraisemblablement liées à des inversement de branchements sur les réseaux d’assainissement. Les eaux riches en nutriments alimentant le lac, ainsi que ses caractéristiques morphologiques et hydrauliques (faible profondeur, déficit hydrologique en période estival) le rendent très sensible à l’eutrophisation.