Le Croult

Le Croult à Le Thillay © SAGE CEVM

La vallée du Croult : des paysages aux identités très différentes

Le Croult, aussi orthographié Croux, Groult, Crould, Crou…), prend sa source à Goussainville, au niveau du « trou du diable » et est la réunion de plusieurs rus. Les affluents les plus significatifs sont le Ru de la Vallée, le Ru de la Michelette. Rejoint par le Petit Rosne à Bonneuil-en-France, il se jette dans la Vieille Mer au terme d’un parcours de 12,3 km.
Le bassin versant du Croult occupe une large partie du territoire du SAGE, notamment du fait de ses nombreux affluents, qui se déploient dans toute la moitié Nord du bassin versant, et qui traversent ainsi des paysages aux identités très différentes. Ponctuellement naturels ou agricoles au nord, ces paysages contrastés sont principalement constitués de zones urbaines, d’infrastructures majeures (Francilienne, viaduc de la Ligne à Grande Vitesse (LGV), aéroport du Bourget) et de projets d’aménagement majeurs (triangle de Gonesse, avenue du Parisis, Parc de la Patte d’Oie) produisant des interfaces parfois insolites.

Un caractère fortement artificialisé lié à plus de 1 000 années d’activités humaines

Dès qu’il prend sa dénomination de Croult, à l’aval de Goussainville, le cours d’eau a dû présenter des caractéristiques hydrauliques plus significatives, car il est signalé jusqu'à cinq moulins à l'intérieur du bourg de Gonesse. Cette utilisation industrielle de l’eau a donc entraîné très tôt l’aménagement des rivières : plus d’une quarantaine de moulins se répartissaient sur l’ensemble du Croult et du Petit Rosne au XVIIIème siècle (jusqu’à la Seine). Le caractère fortement artificialisé de ces cours d’eau est donc lié à plus de 1 000 années d’activités humaines. La canalisation du Croult concerne aussi les zones plus rurales : le Croult est couvert au Thillay entre 1965 et 1970…

Aujourd’hui, on constate que plus de la moitié du linéaire des cours d’eau du bassin versant est soit canalisé (20 % du linéaire total) dans des ouvrages en béton, en pierre maçonné ou en bois, soit busé (34 % du linéaire total). Si l’on prend en compte les seuls Croult et Petit Rosne, qui sont les deux cours d’eau « principaux », le linéaire totalement artificialisé présente respectivement 70 % et 59%.
Malgré l’importance de l’artificialisation des cours d’eau, il reste encore des tronçons où les berges restent naturelles, notamment aux Prés de la Motte à Goussainville (Croult) ou à l’amont de Sarcelles (Petit Rosne).

Du fait du caractère très artificialisé des cours d’eau, a fortiori en raison des nombreux bassins écrêteurs de crues construits dans les 40 dernières années, le régime hydraulique présente un caractère très éloigné de conditions d’une rivière naturelle.
L’essentiel des débits de temps sec du Croult est apporté par des résurgences diffuses en aval de la vallée. De fait, en fonction des conditions météorologiques, si les niveaux des nappes superficielles remontent, les débits de temps sec des cours d’eau s’accroissent significativement.
Du fait de l’importance des bassins écrêteurs présents sur le bassin versant, la quantification des crues reste peu significative.

Une perception de l’eau discontinue et contrastée

La perception de l’eau dans le territoire est discontinue et très contrastée du fait d’une alternance forte de portions sans lisibilité de l’eau (passage en souterrain ou accessibilité complexe depuis les lieux fréquentés) et d’une lisibilité ponctuellement très claire à l’occasion de mises en scène ou d’aménagements de qualité, majoritairement en centre-ville.

La perception de l’eau dans ce bassin versant est fonction de la topographie qui peut être bien marquée à certains endroits comme au niveau du parc de la patte d’Oie à Gonesse et à Goussainville. La présence de merlons artificiels ou les ensembles bâtis imposants dans lesquels la rivière s’insère rendent ponctuellement ce vallon invisible.
La végétation peut être un indicateur de présence de l’eau, mais cet indice est peu significatif sur ce bassin versant hormis au niveau de la confluence. Sur le ru de la Vallée/Fossé Gallais en amont de Goussainville la végétation masque la perception du ru.
Souvent, l’eau fait office de limite entre les zones urbaine et agricole, comme à Saint-Witz où le chapelet d’étangs du Gué Malaye marque la limite entre le lotissement et les champs cultivés, ou à Gargeslès- Gonesse où le Croult sépare la ville de l’aéroport du Bourget.
Les ouvrages (passerelles, pontons de pêche…) et les aménagements urbains et paysagers mettant en scène l’eau, affirment le rôle de l’eau dans la ville. Le patrimoine lié à l’eau est encore partiellement lisible en centre ancien, principalement sous la forme d’anciennes cressonnières, de moulins, de rares fontaines ou abreuvoirs et de châteaux d’eau, ces derniers étant visibles de très loin dans la plaine de France.
L’accessibilité publique à l’eau se limite aux quelques lieux aménagés, propices aux usages de loisirs, de pêche et de promenade. Ailleurs, l’eau est ponctuellement accessible lorsqu’elle s’écoule dans les fossés plus ou moins artificialisés en bord de route.

Ce bassin versant donne à lire l’eau sous des aspects très variables, tant du point de vue de la dimension des cours d’eau, de la couleur de l’eau, de son niveau par rapport au terrain naturel, de sa vitesse d’écoulement. On peut noter l’étonnante transparence de l’eau au centre-ville de Gonesse, son calme le long du chemin du Chennevières les Louvres et son courant, entre Vémars et Villeron, allant jusqu’à un aspect ponctuel de « torrent » au passage sous la Francilienne. Ces paramètres liés au débit, fluctuants et fortement dépendants des saisons et des conditions météorologiques, sont indépendants de la notion de qualité des eaux.

Des perspectives d’évolution majeures

Le paysage de ce bassin versant est en profonde mutation du fait de ses nombreuses interfaces avec les projets d’aménagements (Triangle de Gonesse et parc de la Patte d’Oie, avenue du Parisis, ZAC du Vieux village à Goussainville, écoquartier de Louvres- Puiseux etc.). Ces aménagements entraînent des transformations urbaines, hydrauliques, écologiques et paysagères importantes, qui ouvrent des perspectives de changement et des opportunités pour la perception et la lisibilité de l’eau dans ces territoires.

De plus, les projets de restauration de berges, à l’aide de techniques de génie végétal, et de réouverture des cours d’eau contribuent à redonner au cours d’eau toute sa place sur le territoire.

 

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