Petit Rosne

Petit Rosne à Chauffour © SAGE CEVM

La vallée du Petit Rosne : un caractère naturel préservé

La rivière du Petit Rosne a creusé sa vallée à la jonction entre la vallée de la Seine et la Plaine de France, au pied des reliefs formés par le plateau de Montlignon, les buttes de Montmorency, la butte Pinson à l’Ouest et la butte d’Ecouen à l’Est.
Le Petit Rosne prend sa source à Bouffémont/Baillet-en-France, ruisselle le long des coteaux, serpente dans la Plaine de France puis contourne la butte d’Ecouen et le Mont de Gif, pour terminer sa course de 17 km dans le vallon qui prend son nom, avant de se jeter dans le Croult à Bonneuil-en-France.
Au fil du temps, l’emprise de la rivière a été réduite afin de permettre le développement des zones habitées. Le tracé naturel du ru (présentant des sinuosités) a été remplacé par des segments de droite, ayant pour conséquence d’accélérer sensiblement la vitesse des eaux de rivière en facilitant leur écoulement. Dans les années 50, les communes victimes des inondations dues aux débordements des deux cours d’eau ont exigé la canalisation du Petit Rosne.
La rivière traverse trois paysages distincts : au nord, les grandes étendues agricoles caractéristiques du paysage de la Plaine de France, au sud les prairies humides et la présence accrue de l’eau annoncent le début de la vallée de la Seine. Au milieu de ces deux entités, elle s’écoule dans un col formé par le rapprochement des buttes d’Ecouen et de Montmorency, paysage de coteaux fruitiers et de vallons encadrés de buttes boisées.

Une perception de l’eau variable au fil des saisons et de l’urbanisation

L’eau est un élément fédérateur de ce paysage dans la mesure où il le fait évoluer de manière importante au fil des événements météorologiques. En effet, le Ru est alimenté par ses nombreux affluents en amont de la vallée qui en font varier considérablement le débit au gré des saisons et des épisodes pluvieux. Le vallon en aval, entre Arnouville et Garges-lès-Gonesse, qui recueille toutes les eaux du bassin versant, est ainsi régulièrement inondé, transformant le paysage habituel de prairie humide en vaste étang. Les sols du vallon sont également gorgés des remontées d’eau de la nappe phréatique, ainsi que des nombreuses sources.
L’urbanisation est le second facteur modifiant l’intensité de perception de l’eau dans le territoire. En effet, le Petit Rosne et ses affluents traversent les villes en souterrain, hormis à Bouffémont, à Ezanville et à Sarcelles.

Le bassin versant donne à lire l’eau sous des aspects variables :

  • La topographie caractéristique de la vallée du Petit Rosne, bien marquée en amont d’Ezanville ainsi que dans le vallon du petit Rosne en aval où le ruisseau est largement encaissé ;
  • La végétation hygrophile présente dès que le ruisseau est aérien ; notamment dans le vallon humide à Ezanville, où la végétation naturelle côtoie une importante peupleraie dans la plaine de Chauffour et le vallon du Petit Rosne ;
  • Les aménagements permettant la mise en scène de l’eau, propices aux usages de loisirs, de pêche et de promenade tels que le ru sous la forme de fossés au centre ville de Bouffémont, les cheminements longeant les étangs de la plaine de Chauffour, les plans d’eau accompagnant le ruisseau dans le parc Kennedy et la promenade du lac à la sortie de Sarcelles.

Les berges du Petit Rosne et de ses affluents sont principalement naturelles ou aménagées de façon naturelle, et ponctuellement maçonnées, notamment à son entrée dans Sarcelles et dans le vallon à l’aval, où le canal ainsi formé en partie Ouest, est en rupture avec le paysage naturel du vallon. L’accessibilité publique à l’eau se limite à ces lieux aménagés. Ailleurs, l’eau est ponctuellement accessible de manière confidentielle, sans aménagement particulier, dans les espaces agricoles de Bouffémont et dans le vallon humide d’Ezanville.

De nombreuses traces d’un riche patrimoine lié à l’eau

Des documents très anciens (année 631) évoquent le Petit Rosne, comme un « fleuve ». Du IXème siècle à la fin du XIXème siècle, la présence des moulins s’est accompagnée nécessairement de la création de tout un système de régulation de l’eau sur le territoire, biefs, fossés drainants, canaux d’irrigations, dérivations, passages à gué... Il existait un équilibre hydraulique très complexe sur l’ensemble de ce cours d’eau pour faire tourner les moulins, ne pas provoquer d’inondations dans les communes, ou ne pas léser d’utilisateurs entre l’amont et l’aval...
Au fil du temps, du fait de la survenue d’inondations ou de la pollution des eaux, le Petit Rosne a été canalisé, voire enterré, comme à Ezanville ou à Sarcelles. L’emprise des rivières a été réduite afin de permettre le développement des zones habitées. Les moulins ont disparu peu à peu, les lits ont été bétonnés et même canalisés dans les zones fortement urbanisées.

Le patrimoine lié à l’eau, encore bien vivant au 19ème siècle, est encore partiellement lisible aujourd’hui. Il est localisé en centre ancien et au niveau des châteaux d’Ecouen, d’Arnouville et de Sarcelles, principalement sous la forme d’anciennes cressonnières, de moulins, de fontaines, lavoirs ou abreuvoirs. Ces ouvrages témoignent notamment d’un passé meunier, de blanchisserie, d’élevage, d’agriculture et de maraîchage, ainsi que d’une eau pure nécessaire aux cressonnières. Un puits gallo-romain à Villiers-le-Bel témoigne de l’implantation ancienne de l’urbanisation dans la vallée du petit Rosne.

Des perspectives d’évolution localisées

Le paysage de ce bassin versant bénéficie ponctuellement d’aménagements allant vers une perception et une mise en valeur accrue du Petit Rosne dans le territoire.
On peut noter le projet d’Éco-quartier de Bouffémont, qui préconise une zone tampon de part et d’autre de la rivière, préservée de l’urbanisation, la réouverture et reméandrage du Petit Rosne à Sarcelles, projet emblématique. Le vallon du Petit Rosne en aval est à l’aube d’une profonde transformation du fait de la prolongation de l’avenue du Parisis le long de la rivière. Ainsi, du fait de ses enjeux urbains, hydrauliques, écologiques et paysagers importants, des alternatives préservant le vallon sont actuellement à l’étude.

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